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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/309

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GORJY.

porte, nous avons cru devoir entraîner le lecteur à la suite de ce vagabond i’Ann’quin. Dès les premiers chapitres du second volume, nous retrouvons le petit-cousin de Tristram Shandy chez une célèbre marchande de modes où il s’est laissé conduire par Adule. Là on lui montre des ça ira : ce sont des couronnes de grelots, de pampres et d’ellébore ; — des réunions : ce sont des espèces de flacons faits avec une courge, bouchés avec un casque et remplis d’eau lustrale ; — des bonnets à l’Atlantide : ce sont de petites cornettes bien modestes, jusqu’à ce qu’on ait passé les antichambres, mais qui, une fois dans le salon, se développent en un clin d’œil et deviennent plus hautes qu’un diadème ; — des attaches à la fraternité universelle : ce sont de larges rubans de fil d’araignée. i’Ann’quin Bredouille s’extasie devant tout cela et trouve que rien n’est comparable aux merveilles de la ville de Néomanie.

Toujours guidé par Adule, il pénètre chez divers originaux dont la physionomie est rendue avec une amusante vérité. C’est d’abord le très-haut et très-puissant seigneur Carloman-César-Philogènes de Mont-sur-Mont, baron de Montorgueil, marquis de Tuffières, etc ; autour de lui sont des liasses de vieux parchemins que les rats ont attaqués en plusieurs endroits ; sur sa tête est une couronne ; dans sa main une épée, avec laquelle il suit les reliefs d’un bouclier armorié. Son cabinet est décoré d’une haute glace qui, en le reproduisant, lui donne les moyens de se rendre à lui-même les hommages que, depuis les nouveaux principes, son prochain lui refuse obstinément.

Chez le second original on marche dans le fumier