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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/326

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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

d’une vogue semblable, vogue d’autant plus singulière qu’elle s’abattait sur un petit théâtre, sur un petit auteur et sur des comédiens jusqu’alors inaperçus.

Cette vogue fut telle que d’abord on crut que Dorvigny n’était qu’un prête-nom. Plus d’un auteur célèbre se laissa faire compliment sur cet ouvrage. Le premier ministre lui-même, M. de Maurepas, souffrait volontiers qu’on lui attribuât les Battus payent l’amende.

La critique se mit de la partie, et Mayeur, qui paraît avoir été l’ennemi intime de Dorvigny, ne fut pas des derniers à dire son mot : « Cette parade, qui lui fait tant d’honneur, écrit-il, n’est autre chose que quelques scènes volées à Musson, peintre et bouffon de société. Son proverbe de On fait ce que l’on peut est aussi composé des scènes que Patrat, Musson et Duché jouent aux soupers où ils sont invités ; et la plupart de ses pièces doivent leur existence à de vieux bouquins qu’on ne lit plus, et qu’en récompense il lit beaucoup. Sa scène des Perruques est prise mot à mot dans les Réjouissances de la paix, ancienne pièce imprimée et dont l’auteur est mort. La pièce qu’il a donnée aux Italiens ayant pour titre : la Comédie à l’impromptu, se trouve tout entière dans le Pédant joué, farce de Cyrano de Bergerac, etc., etc., etc. Il est bien facile de se faire ainsi la réputation d’auteur ; mais il est bien difficile que les gens éclairés ne s’aperçoivent pas que vous n’êtes qu’un sot. »

Voici une des scènes des Battus payent l’amende ; c’est un aperçu de ce langage équivoque qui consiste dans l’inversion des différents membres de la phrase :