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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/345

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LA MORENCY


Dans une sphère moins brillante que madame Tallien, avec un minois coquet et une vocation littéraire plus que douteuse, la Morency apparaît comme l’expression fidèle de la galanterie sous la Terreur et du mauvais style sous le Directoire. Une chevelure d’un blond cendré, peu d’orthographe, de grands yeux éclatants, une ignorance presque absolue de la grammaire, la bouche chinoise, et la phrase comme la bouche, voilà son portrait en quelques mots. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que ses romans aient obtenu un succès d’une heure : l’aventurière aura prêté de son prestige à la femme de lettres. Quel livre peut sembler mauvais, lorsqu’il est lu par-dessus une jolie épaule ?

La dépravation littéraire qui était entrée chez les hommes ne pouvait manquer de se glisser chez les femmes. À ce point de vue, mon œuvre serait incomplète, si je ne montrais une femme de plume, — qui