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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/106

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LES RESSUSCITÉS

cle, lequel tiendra dans l’histoire artistique de la France une place importante ; pas une renommée, haute ou petite, qui n’ait franchi ce seuil, depuis Luce de Lancival, professeur d’éloquence au Prytanée français, jusqu’à Victor Hugo, sacré chez elle enfant sublime ; depuis le baron Gérard, peintre ordinaire de l’Abbaye, — ce qui était un titre, — jusqu’à M. Ingres, l’artiste inquiet et misanthrope ; depuis l’auteur de la Vestale, couvert de cheveux blancs et bardé de décorations, jusqu’à l’auteur du Prophète, noir et simple, mais étrange comme un enfant de Germanie. Là-bas, Stendhal, qui venait d’écrire son livre De l’Amour, a souvent posé devant ce buste de Canova, placé sur la cheminée ; Mérimée, bien jeune, a coudoyé Ballanche, bien vieux ; M. de Bonald, bien grave, a salué Rossini, bien rieur. Ce salon bleu et blanc a vu tout à la fois la simarre de M. Pasquier, le cordon de M. le duc de Doudeauville, la tonsure de M. de Lamennais, les palmes de M. de Barante, et l’épée de M. de Vigny, — tout un pan de la galerie des portraits de Versailles dans cinquante ans !

Il y avait aussi à l’Abbaye un accueil doux,