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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/133

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GUIZOT

Une autre lettre non moins curieuse est celle qu’il reçut de Béranger, lettre infiniment spirituelle, mais en même temps singulièrement narquoise. La voici :

« Passy, 13 février 1834.

» Monsieur le ministre,

» Excusez la liberté que je prends de vous recommander la veuve et les enfants d’Émile Debraux. Vous demandez sans doute ce qu’était Émile Debraux. Je puis vous le dire, car j’ai fait son éloge en vers et en prose. C’était un chansonnier. Vous êtes trop poli pour me demander à présent ce que c’est qu’un chansonnier, et je n’en suis pas fâché, car je serais embarrassé de vous répondre.

» Ce que je puis vous dire, c’est que Debraux fut un bon Français, qu’il chanta contre l’ancien gouvernement jusqu’à extinction de voix, et qu’il mourut six mois après la révolution de Juillet, laissant sa famille dans une profonde misère. Il fut une puissance dans les classes inférieures ; et soyez sûr, monsieur, que comme il n’était pas tout à fait aussi diffi-