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GUIZOT

reur, me dit-il un jour avec un demi-sourire qui semblait excuser d’avance ses paroles, l’erreur n’a jamais approché de mon esprit. — J’ai été plus heureux que vous, mon prince, lui dis-je ; je me suis plus d’une fois aperçu que je m’étais trompé. »

Le plus heureux que vous est d’une rare finesse[1].

Comme tous les faiseurs de Mémoires, il se préoccupe des générations prochaines, et de ce qu’elles penseront de lui ; aussi n’épargne-t-il rien, selon une expression populaire, pour « mâcher la besogne » à la postérité, en vue d’un jugement définitif. Avec une bonhomie peut-être sincère, il annonce qu’il va donner la clef de sa politique et livrer le secret de son système gouvernemental. « Je voudrais, dit-il, transmettre à ceux qui viendront après moi, et qui auront aussi leurs épreuves, un

  1. Je surprends encore M. Guizot en flagrant délit d’anecdote : « En 1830, au milieu de la perturbation qu’avait causée la révolution de Juillet, je vins un jour, comme ministre de l’intérieur, demander au Conseil où le baron Louis siégeait aussi comme ministre des finances, de fortes allocations. Quelques-uns de nos collègues faisaient des objections à cause des embarras du Trésor. — Gouvernez bien, me dit le baron Louis ; vous ne dépenserez jamais autant d’argent que je pourrai vous en donner. »