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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/142

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LES RESSUSCITÉS

peu de la lumière qui s’est faite pour moi, à travers les miennes. J’ai défendu tour à tour la liberté contre le pouvoir absolu et l’ordre contre l’esprit révolutionnaire, deux grandes causes qui, à bien dire, n’en font qu’une, car c’est leur séparation qui les perd tour à tour l’une et l’autre. »

Les Mémoires de M. Guizot forcèrent l’attention publique, et les premiers volumes s’enlevèrent rapidement. Ils eurent le privilège de raviver d’anciennes rancunes : mais en général l’impression fut favorable. M. Cuvillier-Fleury, dont l’admiration pour l’ancien ministre de Louis-Philippe va jusqu’à l’éblouissement, leur consacra un grand nombre d’articles dans les Débats. « Beau livre ! admirable ouvrage ! » s’écrie-t-il à chaque ligne. Et puis encore : « En le lisant, on se sent relevé de cette sorte de découragement douloureux où la défaite momentanée de leurs convictions plonge les plus fermes esprits. On y respire la sérénité, la santé morale. Si nous voulions nous servir d’une de ces comparaisons trop familières à la critique moderne, nous dirions que ce livre si élevé et si calme, avec tant de solides traces d’une expérience rompue à la pratique