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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/146

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LES RESSUSCITÉS

III

En tout temps, à toutes les époques de sa vie, M. Guizot a cru à l’influence de l’Académie française, mais il y crut bien davantage lorsqu’il ne fut plus qu’académicien. Il rejeta toute son ardeur sur le Palais-Mazarin, qui devint pour lui comme un autre monastère de Saint--

    « Toute science se sent bornée et incomplète ; tout homme qui étudie, quelque soit l’objet de son étude, quelque avancé et quelque assuré qu’il soit lui-même dans sa connaissance, sait qu’il n’a pas touché le terme de la carrière, et que, pour lui ou pour un autre, de nouveaux efforts amèneront de nouveaux progrès. La foi, au contraire, est à ses propres yeux une croyance complète et achevée ; s’il lui semblait que quelque chose lui reste encore à acquérir, elle ne serait pas ; elle n’a rien de progressif, exclut toute idée que rien lui manque, et se juge en pleine possession de la vérité qui en est l’objet. De là une prodigieuse inégalité de [puissance entre ces deux genres de conviction : la foi, affranchie de tout travail intellectuel, de toute étude, puisqu’elle est complète en tant que connaissance, tourne vers l’action toutes les forces de l’homme ; dès qu’il en est pénétré, une seule tâche lui reste à accomplir, celle de faire régner, de réaliser au dehors l’idée