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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/147

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GUIZOT

Just où il trompa les ennuis d’une abdication forcée. On prétend même qu’il s’amusa à y retarder les pendules. Dans tous les cas, les élections de la littérature lui rappellèrent les élections de la politique. Il se mit à la tête de la fraction la plus nombreuse de l’Académie ; ce fut chez lui qu’on alla prendre le mot d’ordre. Selon les circonstances, il fit de l’opposition ou de la concession aux gouvernements. Il a ouvert la porte à M. Dufaure et à M. le comte de Carné ; il a laissé passer M. Camille Doucet et M. de Champagny. À

    qui a sa foi. L’histoire des religions, et de toutes les religions, prouve à chaque pas cette énergie expansive et pratique des croyances qui ont revêtu les caractères de la foi. Elle se déploie même dans des occasions où elle ne semble nullement provoquée ni soutenue par l’importance morale ou la grandeur visible des résultats…
     « C’est à lui-même que l’homme doit sa science : elle est son ouvrage, le fruit de son travail, la preuve et le prix de son mérite. Peut-être, au sein même de l’orgueil que lui inspire souvent une telle conquête, un secret sentiment vient-il l’avertir qu’en réclamant, en exerçant l’autorité au nom de la science, c’est à la raison, à l’intelligence d’un homme qu’il prétend soumettre les hommes : titre faible et douteux à un grand pouvoir, et qui, au moment de l’action, peut bien, même à leur insu, répandre dans l’âme des plus superbes quelque timidité. Rien de pareil ne se rencontre dans la foi. Quoique profondément individuelle, dès qu’elle est entrée, n’importe par quelle voie, dans le cœur de l’homme, elle en bannit toute idée d’une conquête qui lui soit propre, d’une découverte dont il se puisse attribuer la