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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/186

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LES RESSUSCITÉS

quiétude n’était que vague encore. Mais déjà l’effroi s’était répandu dans Paris, et les amis de l’écrivain accouraient à son domicile. Le mal empirait chaque jour ; l’heure arriva où l’importance et la multiplicité des soins nécessitèrent le transport dans une maison de santé. C’était un samedi matin. — En rentrant, navré, je pris et feuilletai le volume des Scènes de la Bohème ; je tombai sur le chapitre de la mort de Mimi. Hélas ! ce n’était plus de la mort de Mimi qu’il s’agissait alors, mais bien de celle de Rodolphe ! Je relus ce passage si touchant et si vrai, en substituant malgré moi le nom de l’amant à l’amante, le nom du poëte à celui de l’ouvrière. Et l’impression n’en était pas moins déchirante. Jugez plutôt :

« — Mon amie, le médecin a raison ; — vous ne pourriez pas me soigner ici. À l’hospice on me guérira peut-être ; il faut m’y conduire. — Ah ! vois-tu, j’ai tant envie de vivre à présent, que je consentirais à finir mes jours une main dans le feu, et l’autre dans la tienne. — D’ailleurs, tu viendras me voir. — Il ne faudra pas te faire de chagrin ; je serai bien soigné. On donne du poulet à l’hôpital, et on fait