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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/200

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LES RESSUSCITÉS

fin, comme toutes les félicités. Un matin, Gérard de Nerval, arrivant avec ses cerises, ne trouva plus le kakatoès ; il apprit qu’un étranger l’avait acheté très-cher. Cette nouvelle le pétrifia : il s’était habitué à considérer l’oiseau comme son bien, comme sa propriété ; il ne pouvait concevoir qu’on l’en eût séparé.

— Que ne l’achetiez-vous ? lui dit le marchand.

— Ah ! répondit Gérard, cela n’aurait plus été la même chose !

Fouillant une fois dans mon humble bibliothèque, Gérard poussa un cri de joie. Il venait de s’emparer d’un livre intitulé : Les Aventures du docteur Faust et sa descente aux Enfers, traduction de l’allemand, avec figures. Il y avait plus de trente ans que Gérard de Nerval cherchait ce livre ; c’était pour lui un souvenir et un désir d’enfance. La première fois qu’il l’avait vu, c’était sur les rayons en plein air d’un étalagiste du boulevard Beaumarchais ; les figures l’avaient attiré par leur étrangeté : l’une d’elles représentait un Léviathan énorme, les cheveux chassés par le vent, les yeux et la bouche vomissant des flammes, habillé du reste comme un bour-