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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/207

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GÉRARD DE NERVAL

de l’enfer. Faust s’irrite de cette forme : « Suis-je donc condamné à trouver l’homme partout ? » murmure-t-il. Ensuite il ordonne à Léviathan de lui dévoiler le principe de toutes les choses, de mettre à nu devant lui les ressorts du monde physique et du monde moral, enfin de lui faire connaître l’essence du Très-Haut. « Insatiable ! dit le démon ; sache donc que depuis que nous sommes exterminés, nous avons perdu l’idée de ces secrets célestes, et même oublié la langue dans laquelle ils s’expriment. » Bref, supplié ou menacé, Léviathan ne consent qu’à promener le docteur Faust à travers l’univers. Son pouvoir est borné là. « Je prends un grand homme par la main, et je suis fier d’être son serviteur, » dit-il. Ce respect du diable pour le génie est un des traits caractéristiques et louables de l’ouvrage.

En guise d’intermède, on assiste à un banquet donné dans l’enfer par Satan pour célébrer la découverte de l’imprimerie . Il s’agit d’un repas d’âmes fraîchement arrivées le matin : âmes de conquérants, de philosophes, de vizirs. Les marmitons les font cuire ou rôtir en les arrosant avec des coulis combustibles.