Aller au contenu

Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
LES RESSUSCITÉS

Les vins deviennent l’objet de soins tout particuliers ; certaines bouteilles sont remplies avec les pleurs des collatéraux, des médecins et des veuves ; les flacons d’entremets contiennent les larmes précieuses des jeunes filles auxquelles la misère est venue passer autour du corps la ceinture dorée. Pour Satan et ses intimes, il y a, dans des coupes à part, un plus noble et surtout un plus rare breuvage : ce sont des larmes de rois et de ministres. Après avoir dressé les tables, les cabaretiers du noir séjour se rendent au marais des damnés, en chassent les âmes brûlantes, et les font voler au plafond de la salle pour éclairer le banquet. Tous les diables saisis d’allégresse élèvent leurs verres en répétant à plusieurs reprises : « — Vive Faust ! Vive l’empoisonneur des fils de la poussière ! »

L’horrible et l’ingénieux se mêlent dans ce chapitre, qui se termine par un ballet allégorique tout à fait dans le goût allemand. On voit le Crime danser avec l’Orgueil, pendant que l’Imagination joue de la flûte ; puis c’est un menuet dont la Flatterie dessine les figures ; l’Imposture donne du cor de chasse. Survient la Discorde qui se jette entre les