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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/214

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LES RESSUSCITÉS

Rome. « Muet, sombre et rêveur, Faust était à cheval à côté du diable. Celui-ci le laissait avec plaisir livré à ses réflexions, et riait par l’espérance flatteuse de respirer bientôt avec lui les douces vapeurs de l’enfer. Ils aperçurent Worms dans la plaine ; lorsqu’ils n’en furent plus éloignés que de quelques jets de pierre, ils virent une potence à laquelle était attaché un jeune homme grand et bien fait. Faust leva les yeux. Un vent frais qui soufflait à travers les blonds cheveux du pendu, et qui poussait son corps en avant et en arrière, permit à Faust de remarquer une taille élégante. Ce coup d’œil lui fit verser des larmes, et il s’écria d’une voix tremblante :

« — Pauvre jeune homme ! quoi ! dans la fleur de ton âge, déjà ici, à ce fatal poteau !

» Le Diable. — Faust, c’est ton ouvrage.

» Faust. — Mon ouvrage ?

» Le Diable. — Considère attentivement ce jeune homme, c’est ton fils aîné.

» Faust regarda en l’air, reconnut son fils et tomba de cheval. »

Rien de plus. C’est sec et affreux comme la