Aller au contenu

Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
CHATEAUBRIAND

un respect qu’ordonneraient au besoin leur caractère et l’estime radieuse qu’on leur a vouée. C’est depuis le Consulat que dure la gloire de l’auteur du Génie du Christianisme ; et, en France, si les succès d’une heure ont rarement raison, les succès d’un demi-siècle n’ont jamais tort. Qui a été grand homme pendant cinquante ans est assuré de l’être toujours.

Ce qui nous frappe le plus dans l’œuvre de Chateaubriand, c’est Chateaubriand. L’histoire d’une pensée est parfois aussi remplie d’enseignements que cette pensée elle-même. L’auteur est le premier de ses livres, — ou du moins celui qui donne la clef de tous les autres. Or, qu’on nous dise une plus belle histoire que celle de ce poète, de ce militaire, de ce voyageur, de ce ministre, de cet ambassadeur, de ce pair de France. Pas un rivage qu’il n’ait connu, pas une renommée qu’il n’ait savourée, pas une misère qu’il n’ait soufferte.

Nous ne nous cachons pas la témérité et l’importance des lignes que nous allons tracer. Par la place qu’il occupe dans le siècle, Chateaubriand méritait peut-être qu’une plume mieux connue écrivit sa gloire et son génie. Nous n’appartenons pas à la génération