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LES RESSUSCITÉS

tricolore à la main, et suivi d’une bande de gamins recrutés sur son passage ; là, il appelait à grands cris le roi Louis-Philippe, et lorsque Louis-Philippe paraissait au balcon, Ourliac le priait de chanter la Marseillaise. Le roi, que de récentes ovations populaires avaient rendu l’esclave de ses moindres sujets, accédait avec un gracieux sourire à l’invitation du jeune porte-drapeau ; et, la main sur son cœur, les yeux au ciel, dans une pose que la peinture officielle a immortalisée, il répétait le chant de son adolescence, dont Ourliac et les siens entonnaient le refrain en chœur. Cela dégénéra tellement en scie, que le monarque-citoyen finit par s’en apercevoir ; au risque de s’aliéner le cœur de ses sujets, il consigna à la porte du palais Édouard Ourliac et sa cohorte.

En ce temps-là, un petit journal florissait à l’ombre du souvenir de Beaumarchais ; c’était le Figaro, qui a passé aux mains d’un grand nombre d’hommes d’esprit, et qui, en politique, a successivement brillé de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Ourliac trouva place dans ce petit journal : il y connut Balzac, qui se faisait alors la main ; Alphonse Karr, qui