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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/291

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ÉDOUARD OURLIAC

fêtes ces dames le noyèrent, à plusieurs reprises, dans une avalanche de bouquets. »

La vérité est qu’avec la vive tournure de son esprit et de son corps il excellait surtout dans la représentation des arlequins. Ce n’était pas que de plus sérieuses tentatives ne se fissent jour à travers ces folies : on a le souvenir d’une tragédie en un acte et en vers, composée par Édouard Ourliac pour le théâtre intime de la rue du Doyenné ; cette tragédie, restée inédite, avait devancé et deviné le Ruy Blas de Victor Hugo, car elle mettait en scène la passion d’un domestique pour une grande dame.

Malgré les bals et les femmes menées en laisse, Édouard Ourliac n’a pas laissé la mémoire d’un don Juan littéraire. Ses amours un peu vagabondes peuvent se résumer en cinq ou six aventures, dont quelques-unes avec des actrices des petits théâtres. Est-ce chez une de ces actrices qu’il aura rencontré le type séduisant de Suzanne ? J’avoue que j’en doute ; je préfère supposer que l’une d’elles a posé devant lui, comme posent devant l’artiste ces créatures banales transformées à leur insu en Mignon ou en Sapho. Le modèle est indispen-