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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/40

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LES RESSUSCITÉS

Compactement rangés, entre les acteurs et les spectateurs, comme des musiciens dans un théâtre, les littérateurs continuaient à jouer rinforzando l’ouverture de la Révolution française, commencée depuis cinquante ans environ. La toile allait se lever. À la place du chef d’orchestre il y avait Beaumarchais, l’héritier direct de Voltaire et qui, pour la société d’alors, valut une peste, comme Chateaubriand valut plus tard une armée pour la Restauration.

Chateaubriand ne vit pas apparemment le côté grave de tout cela. Ce n’était qu’un jeune homme. Au moment où le siècle craquait et chancelait comme le Panthéon de Soufflot, il se faufilait entre deux paravents, sur la pointe du pied, dans la compagnie des infiniment petits de la littérature. « On parla de moi chez Lebrun et chez Flins des Oliviers. »

À la fin, pourtant, il commença par comprendre combien était puérile cette préoccupation de tous les instants. Il y renonça. Ainsi dit René : « J’avais voulu me jeter dans un monde qui ne me disait rien et qui ne m’entendait pas ; ce n’était ni un langage élevé ni un sentiment profond qu’on demandait de