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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/55

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CHATEAUBRIAND

sonne et il chante ; c’est l’enthousiasme du prophète dans la logique de l’historien.

Dans ce panorama chrétien, les scènes touchantes et grandioses se succèdent avec une éblouissante diversité. Fénelon ne décrivait pas autrement ; Bossuet n’avait pas de plus magnifiques éclairs. La phrase tombe sur l’idée à plis amples et riches. On admire. Ce qu’il y a de bon aussi quelquefois, c’est que, du milieu de cette majesté, tout à coup s’échappe un cri naïf qui vient vous frapper le cœur. C’est un géant qui, sur le rocher sublime où il rêve, s’est baissé pour ramasser une pauvre herbe.

Est-ce que Félicien David, lorsqu’il composait la Danse des Astres, n’avait pas lu le morceau suivant, écrit d’une main formidable, et qui n’a d’équivalent que dans les entassements à la fois lumineux et sombres du peintre Martinn :

« Conçoit-on bien ce que serait une scène de la nature, si elle était abandonnée au seul mouvement de la matière ? Les nuages, obéissant aux lois de la pesanteur, tomberaient perpendiculairement sur la terre ou monteraient en pyramides dans les airs. L’instant d’après, l’atmosphère serait trop épaisse ou