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LETTRES FAMILIÈRES.

poste de Gratz savoir s’il y a des lettres pour moi et de faire aussi envoyer à la poste de Vienne[1].


A Venise, ce 18 août 1728.


_______


LETTRE XII[2].


A MADAME X…


Je vous présente, Madame, mes très-humbles respects, et je vous demande la continuation de ma fortune, c’est-à-dire de votre amitié et de vos bontés.

C’est une belle ville que Florence ; on n’y parle du prince ni en blanc ni en noir ; les ministres vont à pied, et quand il pleut, ils ont un parapluie bien ciré ; il n’y a que les dames qui ont un bon carrosse, parce que tout honneur leur est dû.

Nous nous retirons le soir avec une petite lanterne, grande comme la main, où nous mettons un bout de bougie. Le matin, je prenais mon chapeau de paille dont je couvre ma tète, et je me sers de mon castor d’Angleterre lorsque je sors.

Nous allons dans des maisons où nous trouvons deux lampes d’argent sur la table, et tout autour des dames très-jolies, très-gaies et qui ont beaucoup d’esprit. Ce sont des

  1. Au dos est écrit : « Réponses à des lettres écrites à moi. ou copie de quelques lettres de moi écrites de Vienne et Italie en 1728, et d’Angleterre en 1730. »
  2. Cette lettre a été publiée dans le Cabinet historique, tome III, pages 28 et 29.