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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/21

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AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR

qu’il a divisées en vingt-cinq articles, numérotés en chiffres romains, comme l'étaient les Directions de Fénelon. Les ennemis de Louis XIV avaient eu intérêt à répandre le bruit que la France voulait imposer la monarchie universelle en Europe. Montesquieu connaissait quelques-uns des nombreux libelles partis de Hollande ; il semble dans ses Réflexions vouloir les combattre. Il est donc intéressant de citer ceux qu’il a pu avoir entre les mains. Il possédait dans sa bibliothèque le Bouclier d’Estat et de justice contre le dessein manifestement découvert de la monarchie universelle, sous le vain prétexte des prétentions de la reine de France, petit volume in-12 de 220 pages, publié en 1667. Le président Barbot, son ami, qui discutait avec lui sur ses sujets d’étude, possédait ce même livre conservé aujourd’hui à la Bibliothèque de la ville de Bordeaux. Sur le titre, cet érudit a écrit : « C’est le meilleur ouvrage du baron de Lisola. Ce livre est très estimé. Vid. Bayle, Dictionnaire, au mot LISOLA. » Barbot possédait aussi les Nouveaux Intérêts des princes de l’Europe, où l'on traite des maximes qu’ils doivent observer pour se maintenir dans leurs États, et pour empêcher qu’il ne se forme une monarchie universelle, volume imprimé à Cologne, chez Pierre Marteau, 1685, in-12. Il suffit de parcourir ce pamphlet pour reconnaître que Montesquieu l’a lu avant d’écrire ses Réflexions. « Tout le monde sait, dit l’auteur d’un autre libelle[1] que la France aspire depuis longtemps à la monarchie universelle ; la nature l’a placée dans un lieu qui paraît fort avantageux pour parvenir à ce dessein : elle est au milieu et comme le centre du monde chrétien ; son pays est fort peuplé, ses habitants sont d’une humeur turbulente, elle est bien pourvue d’armes et d’argent, enfin elle se sent ou plutôt elle se croit si forte que, sans écouter la raison ni la justice, elle déclare la guerre à tous ses

  1. Histoire secrète des moyens injustes et perfides dont Louis XIV s’est servi pour parvenir à la monarchie universelle. A Cologne, chez Pierre Marteau, 1691, in-16 (Biblioth. de la ville de Bordeaux, n° 25388).