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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/20

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époque précise et à quelle occasion il écrivit ses Réflexions sur la Monarchie universelle en Europe. À défaut de documents formels, nous croyons pouvoir émettre une hypothèse indiquant non point la date, mais l’occasion qui a dû faire naître les Réflexions.

Montesquieu nous apprend lui-même que des liens d’amitié l’unissaient à la marquise de Lambert ; il lut dans son salon les Réflexions sur la Considération et la Réputation, avant de les envoyer de Paris à l’Académie de Bordeaux ; nous en donnerons la preuve plus loin. Il fut l’un des hôtes de ce salon et le correspondant de la célèbre marquise, dont l’influence ne fut pas étrangère à son élection à l’Académie française. On sait aussi que Fénelon, pendant ses dernières années, avait avec la marquise de Lambert des relations littéraires. Dans ses écrits, la marquise usait largement des pensées de l’archevêque de Cambrai, et elle lui transmettait ses œuvres. Il est permis de croire que Fénelon dut à son tour communiquer à Mme de Lambert quelques-uns de ses écrits inédits ; parmi ceux-là étaient plusieurs mémoires relatifs à la guerre de la Succession d’Espagne, et vraisemblablement celui publié plus tard sous ce titre : « DIRECTIONS POUR LA CONSCIENCE D’UN ROI, composées pour l’instruction de Louis de France, duc de Bourgogne, par messire François de Salignac de Lamothe-Fénelon, archevêque-duc de Cambrai, son précepteur, avec un supplément ou addition aux Directions précédentes XXV-XXX, concernant en particulier non seulement le droit légitime, mais même la nécessité indispensable de former des alliances, tant offensives que défensives, contre une puissance supérieure justement redoutable aux autres et tendant manifestement à la Monarchie universelle. »

La marquise de Lambert, après la mort de Fénelon et avant la publication de quelques-uns de ses Mémoires, dut communiquer ces derniers écrits aux habitués de son salon, et ce fut ainsi que Montesquieu put être amené à rédiger ses Réflexions sur la Monarchie universelle,