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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/32

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MONTESQUIEU
VII

A présent nous nous copions sans cesse : le Prince Maurice trouve-t-il l’art d’assiéger les Places ? nous y devenons d’abord habiles. Coehorn change-t-il de manière ? nous changeons aussi. Quelque Peuple se sert-il d’une arme nouvelle ? tous les autres l’essaient soudain. Un Etat augmente-t-il ses troupes, met-il un nouvel impôt ? c’est un avertissement pour les autres d’en faire autant. Enfin, quand Louis XIV emprunte de ses sujets, les Anglais & les Hollandois empruntent des leurs.

Chez les Perses, il y avoit un tems infini que Tisapherne étoit révolté et on l’ignoroit à la Cour. Polybe nous dit que les Rois ne savoient pas si le gouvernement de Rome étoit Aristocratique ou Populaire ; & quand Rome fut Maîtresse de tout, Pharnace qui offrit sa fille à César, ne savoit pas si les Romains pouvoient épouser des femmes Barbares & en avoir plusieurs.

VIII

En Asie on a toujours vu de grands Empires ; en Europe, ils n’ont jamais pu subsister. C’est que l’Asie que nous connoissons a de plus grandes plaines, est coupée à plus grands morceaux par