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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/31

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MONARCHIE UNIVERSELLE

Or les Conquêtes demandant aujourd’hui plus de tems qu’autrefois, elles sont devenues à proportion plus difficiles.

VI

On voit bien que les choses sont parmi nous dans une situation plus ferme qu’elles n’étoient dans les anciens tems. La Monarchie d’Espagne dans les guerres de Philippe III contre la France, malheureuse pendant vingt-cinq Campagnes, ne perdit qu’une petite portion d’un coin de terre qu’on attaquoit. Le plus petit Peuple qu’il y eut pour lors en Europe soutint contre elle une guerre de cinquante ans avec un avantage égal ; & nous avons vu de nos jours un Monarque, accablé des plus cruelles playes qu’on puisse recevoir, Hochsted, Turin, Ramilli, Barcelone, Oudenarde, Lille, soutenir la prospérité continuelle de ses ennemis sans avoir presque rien perdu de sa grandeur.

Il n’y a point d’exemple dans l’Antiquité d’une[1] Frontière telle que celle que Louis XIV se forma du côté de la Flandre lorsqu’il mit devant lui trois rangs de Places pour défendre cette partie de ses Etats qui étoit la plus exposée.

  1. L’Asie n’est pas à beaucoup près si forte que l’Europe : Candahar est la seule Barrière entre le Mogol & la Perse ; Bagdat entre la Perse & les Turcs ; Asoph entre les Turcs & les Moscovites ; Albasin entre les Moscovites & les Chinois. (M.)