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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/34

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MONTESQUIEU

En Europe le partage naturel forme plusieurs Etats d’une étendue médiocre dans lesquels le gouvernement des Loix n’est pas incompatible avec le maintien de l’Etat ; au contraire il y est si favorable que sans elles cet Etat tombe dans la décadence & devient inférieur à tous les autres.

C’est ce qui y forme, d’âge en âge & dans la perpétuité des siècles, un génie de Liberté qui rend chaque partie très-difficile à être subjuguée & soumise à une force étrangère autrement que par les Loix & l’utilité de son commerce.

Au contraire, il régne en Asie un esprit de servitude qui ne l’a jamais quittée ; &, dans toutes les Histoires de ce païs, il n’est pas possible de trouver un seul trait qui marque une ame libre.

IX

Depuis la destruction des Romains en Occident, il y a eu plusieurs occasions où l’Europe a semblé devoir rentrer sous une même main.

X

Les François ayant subjugué plusieurs Nations Barbares établies avant eux, Charlemagne fonda[1]

  1. Ce Prince soumit une partie de l’Empire, mais il fut arrêté en Espagne, en Italie, dans le Nord ; une partie de ses Etats