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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/45

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conçut des espérances qu’elle n’avoit jamais eues. Les richesses que l’on trouva dans les pays conquis, n’étoient pourtant pas proportionnées à celles de ses mines. Les Indiens en cachèrent une partie, &, de plus, ces Peuples qui ne faisoient servir l’or & l’argent qu’à la magnificence des Temples des Dieux & des Palais des Rois, ne les cherchoient pas avec la même avarice que nous, enfui ils n avoient pas le secret de tirer les métaux de toutes les mines, mais seulement de celles dans lesquelles la séparation se fait par le feu, ne connoissant pas la manière d’employer le Mercure, ni peut-être le Mercure même.

Cependant l’argent ne laissa pas de doubler bientôt en Europe ; ce qui parut en ce que le prix de tout ce qui s’acheta fut environ du double.

Les Espagnols fouillèrent les mines, creusèrent les montagnes, inventèrent des Machines pour tirer les eaux, briser le minerai & le séparer ; & comme ils se jouoient de la vie des Indiens, ils les firent travailler sans ménagement, l’argent doubla bien-tôt encore en Europe, & le profit diminua toujours de moitié pour l’Espagne, qui n’avoit chaque année que la même quantité d’un metail qui étoit devenu la moitié moins précieux.

Dans le double du tems, l’argent doubla encore, & le profit diminua encore de la moitié.

Il diminua même de plus de la moitié. Voici comment.