Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/51

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& le Japon : elle s’est rendue Frontière de ces Empires ; au lieu qu’elle avoit le bonheur d’en être séparée par d’immenses déserts : aussi est-il arrivé depuis ces nouvelles conquêtes que les revenus ordinaires[1] de l’Etat n’ont plus été capables de le soutenir.

XX

Pour qu’un Etat[2] soit dans sa force, il faut que sa grandeur soit telle qu’il y ait un rapport de la vitesse avec laquelle on peut exécuter contre lui quelqu’entreprise & la promptitude qu’il peut employer pour la rendre vaine. Comme celui qui attaque peut d’abord paroître partout, il faut que celui qui derïend puisse se montrer partout aussi, & par conséquent que l’étendue de l’Etat soit médiocre, afin qu’elle soit proportionnée au degré de vitesse que la nature a donné aux hommes pour se transporter d’un lieu à un autre.

La France & l’Espagne sont précisément de la grandeur requise, les forces se communiquent si bien qu’elles se portent d’abord là où l’on veut, les Armées s’y joignent & passent rapidement d’une Frontière à l’autre, & on n’y craint aucune

  1. Entr’autres taxes, on vient présentement d’en établir une d’un huitième sur tous les fonds de l’Empire. (M.)
  2. V. Esprit des Lois, l. IX. ch. vi.