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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/52

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des choses qui ont besoin de plus de quelques jours pour être exécutées.

En France, par un bonheur admirable, la Capitale se trouve plus près des différentes Frontières, justement à proportion de leur foiblesse, & le Prince y voit mieux chaque partie de son païs a mesure qu’elle est plus exposée.

XXI

Mais, lorsqu’un vaste Etat, tel que la Perse, est attaqué, il faut plusieurs mois pour que les troupes dispersées puissent s’assembler, & on ne force pas leur marche pendant tant de temps, comme on fait pendant huit jours. Si l’Armée qui est sur la Frontière est battue, elle est sûrement dispersée, parce que ses retraites ne sont pas prochaines ; l’Armée victorieuse qui ne trouve point de résistance s’avance à grandes journées, paroît devant la Capitale & en forme le siège, lorsqu’à peine les Gouverneurs des Provinces peuvent être avertis d’envoyer du secours. Ceux qui jugent la révolution prochaine la hâtent en n’obéissant pas, car des gens fidèles uniquement parce que la punition est proche, ne le sont plus dès qu’elle est éloignée ; ils travaillent à leurs intérêts particuliers, l’Empire se dissout, la Capitale est prise & le Conquérant dispute les Provinces avec les Gouverneurs[1].

  1. V. Esprit des Lois, l. IX, ch. vi.