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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/60

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Dans le troisième recueil de ses pensées, Montesquieu, parlant de son écrit sur la Considération, s’exprime ainsi : « Il y a environ vingt-cinq ans que je donnois ces Réflexions à l’Académie de Bordeaux. Feue Mme la Marquise de Lambert, dont les rares et grandes qualités ne sortiront jamais de ma mémoire, fit l’honneur à cet ouvrage de s’en occuper. Elle y mit un nouvel ordre, et par les nouveaux tours qu’elle donna aux pensées et aux expressions, elle éleva mon Esprit jusqu’au sien. La copie de Mme de Lambert s’étant trouvée après sa mort dans ses papiers, les libraires, qui n’en étoient point instruits, l’ont inséré dans ses ouvrages, et je suis bien aise qu’ils l’aient fait, afin que si le hasard fait passer l’un et l’autre de ces écrits à la postérité, ils soient le monument éternel d’une amitié, qui me touche bien plus que ne feroit la gloire. »

La modestie du Président et sa respectueuse amitié pour la marquise de Lambert éclatent dans ces lignes. Il ne nous appartient pas de dire lequel des deux écrits est supérieur à l’autre, nous serions trop aisément accusé de partialité ; afin de permettre au lecteur de voir lui-même le rapport des deux textes, nous donnons ici les Réflexions du Président, d’après la copie faite par son secrétaire ; et, à la suite, le texte déjà publié dans les Œuvres de la marquise de Lambert. Nous réservons pour le volume qui contiendra les lettres des correspondants de Montesquieu celles qu’elle lui écrivait : elles montreront les sentiments d’estime et d’amitié que cette femme distinguée avait pour l’auteur des Réflexions sur la Considération et la Réputation.