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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/70

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MONTESQUIEU

son siècle, il y a eu des fautes faites par d’illustres personnages qui faisaient bien voir qu ils ne savaient avec quels hommes ils vivaient et qu’ils ignoraient les Français comme les Japonais.

Il y a dans chaque siècle de certains préjugés dominants dans lesquels la vanité se trouve mêlée avec la politique ou la superstition, et ces préjugés sont toujours embrassés par les gens qui veulent avoir de la réputation par des voies plus faciles que celles de la vertu. J’aurais bien des choses à dire sur notre siècle, mais je ne parlerai que de ceux qui Font précédé ; lorsque Luther et Calvin publièrent leur Réforme, le bon air fut d’être luthérien ou calviniste, et ceux qui voulurent passer pour gens d’esprit furent portés à suivre le parti qui les distinguait du théologien ignorant et du peuple superstitieux. Depuis que les nations entières ont décidé pour l’une ou pour l’autre église, il y a toujours eu des opinions que ceux qui veulent avoir de la réputation ont particulièrement affectées[1].


  1. Au verso de la dernière page, le secrétaire du Président de Montesquieu a écrit : « Sur la Considération. »