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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/160

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De l’esprit des Lois,

millet, mais que le blé ni le riz n’y peuvent mûrir : qu’il n’y a guere d’endroits dans la Tartarie Chinoise, aux 43, 44 & 45me degrés, où il ne gele sept ou huit mois de l’année ; de sorte qu’elle est aussi froide que l’Islande, quoiqu’elle dût être plus chaude que le midi de la France : qu’il n’y a point de villes, excepté quatre ou cinq vers la mer orientale, & quelques-unes que les Chinois, par des raisons de politique, ont bâties près de la Chine ; que dans le reste de la grande Tartarie, il n’y en a que quelques-unes placées dans les Boucharies, Turkestan & Charisme : que la raison de cette extrême froidure vient de la nature du terrain nitreux, plein de salpêtre & sablonneux, & de plus, de la hauteur du terrain. Le P. Verbiest avoit trouvé qu’un certain endroit, à 80 lieues au nord de la grande muraille, vers la source de Kavamhuram, excédoit la hauteur du rivage de la mer près de Pekin de 3000 pas géométriques ; que cette hauteur[1] est cause que, quoique quasi toutes les grandes rivieres

  1. La Tartarie est donc, comme une espece de montagne platte.