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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/337

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Liv. XXI. Chap. IX.

on arrivoit à Muziris, premiere étape des Indes, & de là à d’autres ports. On voit qu’au lieu d’aller de l’embouchure de la mer rouge jusqu’à Siagre en remontant la côte de l’Arabie heureuse au nord-est, on alla directement de l’ouest à l’est, d’un côté à l’autre, par le moyen des mouçons, dont on découvrit les changemens en naviguant dans ces parages. Les anciens ne quitterent les côtes, que quand ils se servirent des mouçons[1] & des vents alisés, qui étoient une espece de boussole pour eux.

Pline[2] dit, qu’on partoit pour les Indes au milieu de l’été, & qu’on en revenoit vers la fin de décembre & au commencement de janvier. Ceci est entiérement conforme aux journaux de nos navigateurs. Dans cette partie de la mer des Indes qui est entre la presqu’île d’Afrique & celle de deçà le Gange, il y a deux mouçons : la premiere, pendant laquelle les vents vont de l’ouest à l’est, commence au mois d’août & de septembre ; la deuxieme, pendant laquelle les vents vont de l’est à l’ouest,

  1. Les mouçons soufflent une partie de l’année d’un côté, & une partie de l’année de l’autre ; & les vents alisés soufflent du même côté toute l’année.
  2. Liv. VI, ch. xxiii.