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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/103

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Liv. XXX. Chap. XXIV.

quérans : selon lui, nos rois, appellés par les peuples, n’ont fait que se mettre à la place, & succéder aux droits des empereurs Romains.

Cette prétention ne peut pas s’appliquer au temps où Clovis, entrant dans les Gaules, saccagea & prit les villes ; elle ne peut pas s’appliquer non plus au temps où il défit Syagrius, officier Romain, & conquit le pays qu’il tenoit : elle ne peut donc se rapporter qu’à celui où Clovis, devenu maître d’une grande partie des Gaules par la violence, auroit été appellé, par le choix & l’amour des peuples, à la domination du reste du pays. Et il ne suffit pas que Clovis ait été reçu, il faut qu’il ait été appellé ; il faut que M. l’abbé Dubos prouve que les peuples ont mieux aimé vivre sous la domination de Clovis, que de vivre sous la domination des Romains, ou sous leurs propres lois. Or les Romains de cette partie des Gaules qui n’avoit point encore été envahie par les barbares, étoient, selon M. l’abbé Dubos, de deux sortes ; les uns étoient de la confédération Armorique, & avoient chassé les officiers de l’empe-