Aller au contenu

Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
296
Défense

Lorsqu’il n’y avoit point de lois sur le taux de l’usure chez les Romains, l’usage le plus ordinaire étoit que les usuriers prenoient douze once de cuivre sur cent onzes qu’ils prêtoient ; c’est-à-dire, douze pour cent par an : &, comme un as valoit douze onces de cuivre, les usuriers retiroient chaque année un as sur cent onces ; &, comme il falloit souvent compter l’usure par mois, l’usure de six mois fut appellée semis, ou la moitié de l’as ; l’usure que quatre mois fut appellée triens, ou le tiers de l’as ; l’usure pour trois mois fut appellée quadrans, ou le quart de l’as ; & enfin, l’usure pour un mois fut appellée unciaria, ou le douzieme de l’as : de sorte que, comme on levoit une once chaque mois sur cent onces qu’on avoit prêtées, cette usure onciaire, ou d’un pour cent par mois, ou douze pour cent par an, fut appellée usure centésime. Le critique a eu connoissance de cette signification de l’usure centésime, & il l’a appliquée très-mal.

On voit que tout ceci n’étoit qu’une espece de méthode, de formule ou de regle entre le débiteur & le créancier, pour compter leurs usures, dans la sup-