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Page:Moreau - Nouveau mémoire pour servir à l’histoire des cacouacs.djvu/108

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soin que de se parer, de se parfumer & de plaire : en les voyant, on sent un penchant secret qui vous attire vers eux : les grâces dont ils vous comblent, sont le dernier piége qu’ils emploient.

Toutes leurs armes consistent dans un venin caché sous leur langue ; à chaque parole qu’ils prononcent, même du ton le plus doux & le plus riant, ce venin coule, s’échappe & se répand au loin. Par le secours de la magie qu’ils cultivent soigneusement, ils ont l’art de le lancer à quelque distance que ce soit. Comme ils ne sont pas moins lâches que méchans, ils n’attaquent en face que ceux dont ils croient n’avoir rien à craindre : le plus souvent ils lancent leur poison par derrière.

Parmi les malheureux qui en sont atteints, il y en a qui périssent subitement : d’autres conservent la vie, mais leurs plaies sont incurables, & ne se referment jamais ; tout l’art de la médecine ne peut rien contr’elles ; d’ailleurs on les prend souvent pour être naturelles. Ceux qui en sont frappés deviennent des objets d’horreur, de mépris, & le plus souvent d’une dérision qui n’est pas moins cruelle : tout