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Page:Moreau - Nouveau mémoire pour servir à l’histoire des cacouacs.djvu/109

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le monde les fuit ; leurs meilleurs amis rougissent de les connoître & de prendre leur défense.

Les Cacouacs ne respectent aucune liaison de société, de parenté, d’amitié, ni même d’amour : ils traitent tous les hommes avec la même perfidie ; on remarque seulement en eux un plaisir un peu plus vif à répandre leur poison sur ceux dont ils ont éprouvé l’amitié ou les bienfaits : en ce cas, ils ont pourtant soin de l’assaisonner du suc de quelques fleurs ; car, malgré leur cruauté, ils ne perdent jamais de vue l’envie de plaire, d’amuser & de séduire.

Ils paroissent d’abord les plus sociables de tous les hommes ; ils les recherchent & veulent en être recherchés : mais tout ce qu’ils en font, n’est que dans le dessein d’exercer leur méchanceté, qui ne peut avoir aucune prise sur ceux qui ont le bonheur de n’être pas connus d’eux. Plus vous les voyez affecter de grâces, de gaieté, de vivacité, plus vous devez vous en défier ; c’est ordinairement-là l’instant qu’ils choisissent pour darder leur venin ; vous vous livrez à l’enjouement qu’ils vous inspirent, & vous êtes tout