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Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/256

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petits Delareys, et vos petits Dewets, et vos petits Cronjés ; vous avez toujours une petite farce de prête. J’ai bien peur que celle-ci ne soit à vos dépens, mon cher, ajouta-t-il en interpellant son prisonnier. En temps de guerre, pas de blague.

Comme l’avait pensé Dolbret, il avait affaire à une compagnie d’éclaireurs. L’incident leur avait ôté le sommeil ; en un clin d’œil, les tentes furent repliées, ficelées, placées sur les mules, et la troupe se mit en marche avec sa prise.

Les premières lueurs de l’aurore frissonnèrent sur la plaine jaunâtre. Dolbret trouva cela beau et regretta son étourderie ; il pensa aux diamants, à Berthe, à ses amis, et il eut honte de lui-même.

— Nous serons à midi à Halscopje lui dit l’officier ; arrivé là, vous serez jugé par la cour martiale du régiment. C’est une faveur que je vous fais, je pourrais vous faire fusiller, si je voulais.

Le mot Halscopje fit dresser les oreilles à Dolbret. « Drôle de coïncidence, pensa-t-il. Faisons semblant de ne pas avoir envie d’y aller, à Halscopje. »

Ils marchaient depuis dix minutes, quand une détonation retentit dans le lointain ; puis un filet de fumée monta dans l’air, presque imperceptible. On fit halte et on écouta, mais rien ne vint, si ce n’est comme l’écho d’un vague hou-hou répété une vingtaine de fois. Seul Dolbret comprit que Zéméhul donnait de ses nouvelles. Tout allait donc pour le mieux dans le moment. Le même signal se renouvela de temps en temps durant le reste du trajet.