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Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/257

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XIX

LE DON DES LANGUES


Comme l’avait annoncé l’officier, vers midi, le sommet d’un kopje apparut au détour d’une route de chariots. Malgré lui, Dolbret se mit à répéter intérieurement les explications fournies par Aresberg. C’était bien exact : « À six milles de Kimberley, vers le nord, au détour de la dixième grande route de chariots à partir de Bloemfontein, à gauche, s’élève le kopje de Hals. &c., &c. »

Voyant remuer ses lèvres, un des soldats lui dit :

— Mon pauvre ami, c’est bien ce que vous avez de mieux à faire, que de dire vos prières.

Pierre le regarda en souriant pour éviter de répondre.

On fit halte tout près du kopje. Trois ou quatre maisons — ces misérables cabanes en terre dont se contente le burgher — s’échelonnaient le long de la route. Plus loin, à cent verges environ, c’était le campement du bataillon auquel était attachée la compagnie d’éclaireurs rencontrée par Dolbret. Des hourras saluèrent son arrivée et devinrent plus bruyants quand on apprit la capture d’un prisonnier. Des faisceaux de fusils s’apercevaient auprès des tentes et reluisaient au grand soleil de midi. Pierre fut relégué dans une des cabanes de terre, sous la garde d’un seul homme. Il avait l’air si pacifique que ce n’était pas la peine de le sur-