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Page:Morice - Aux sources de l'histoire manitobaine, 1907.pdf/34

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nommé le premier membre du Conseil d’Assiniboia après le gou­verneur[1], et la lettre de condoléances que celui-ci écrivit à sa mort dit assez à quel point il appréciait les éminents services que l’évêque avait rendus au pays.



La vie des missionnaires à la Rivière-Rouge était des plus pénibles. Indépendamment du manque de confort matériel qu’entraî­naient inévitablement la distance où l’on se trouvait de tout centre de population et la difficulté de communiquer avec le monde civilisé, l’isolement forcé, la séparation presque permanente de tout confrère devenaient pour la plupart un fardeau impossible à porter longtemps. Aussi, est-il à remarquer que, jusqu’à ce que la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée eût adopté ces missions pénibles, le recrutement du clergé était une des princi­pales préoccupations de Mgr Provencher. Un nouveau collabora­teur n’arrivait pas plus tôt qu’un autre retournait au Canada. En sorte que, dix ans après la fondation de la mission, le prélat n’avait encore qu’un prêtre avec lui, lequel devait bientôt le quit­ter, comme deux autres l’avaient déjà fait.

Cette circonstance n’en rend que plus méritoire la conduite de ceux qui eurent le courage d’y fournir une longue carrière. Deux d’entre eux ont certainement droit à une mention spéciale.

Le premier est l’abbé Georges-Antoine Belcourt, qui passa 17 ans à la colonie d’Assiniboia, et fut le premier missionnaire catholique qui s’intéressât d’une manière pratique au bien-être spirituel et temporel des indigènes. Né à la Baie-du-Febvre, le 23 avril 1803, il fit ses études au collège de Nicolet et fut ordonné prêtre le 19 mars 1827. Lors de la seconde visite de Mgr Provencher au Canada (1831), il était curé de Sainte-Martine. Les

  1. À la p. 71 de son dernier livre, M. l’abbé Dugas qualifie d’évêque protestant le Rév. T. Jones, qui vient après Provencher dans la liste des membres du Conseil. M. Jones ne fut jamais évêque protestant. Il succéda à M. West, et le premier évêque protestant de la Rivière-Rouge fut le T. R. M. Anderson, qui fut promu à cette charge en 1849, 14 ans après la formation du Conseil d’Assiniboia. Il me sera peut-être aussi permis de faire remarquer qu’il n’y avait pas de ministre écossais du nom de Blake à la Rivière-Rouge lors de la grande inondation de 1852. M. l’abbé Dugas veut sans doute parler (op. cit., p. 105) de M. John Black, le premier ministre presbytérien du pays, que le Dr Bryce appelle l’apôtre du Manitoba, où il n’arriva pourtant qu’en 1851.