Page:Morice - Demain, 1888.djvu/11

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compense et la consolation suprême, Les jeunes gens vantent si sincèrement ceux qui les louent ! Ils admirent et ils aiment comme il faut qu’on admire et qu’on aime : trop. Il n’y a qu’eux pour jeter généreusement des couronnes. Oh ! que je voudrais être en communion avec la littérature nouvelle, en sympathie avec les œuvres futures ! Je voudrais pouvoir célébrer les vers et les « proses » des décadents. Je voudrais me joindre aux plus hardis impressionnistes, combattre avec eux et pour eux. Mais ce serait combattre dans les ténèbres, car je ne vois goutte à ces vers et à ces proses-là, et vous savez qu’Ajax lui-même, le plus brave des Grecs qui furent devant Troie, demandait à Zeus de combattre et de périr en plein jour.

· · · · · · · · · · Je crains que la race des symbolistes ne soit aux trois quarts éteinte. Les destins, comme dit le poète, n’ont fait que la montrer à la terre.

Ils étaient singuliers, ces jeunes poètes et ces jeunes prosateurs ! On n’avait encore rien vu de pareil en France, et il serait curieux de rechercher les causes qui les ont produits et déterminés. Je ne veux pas m’enfoncer trop avant dans cette recherche. Je ne remonterai pas jusqu’à la nébuleuse primitive. Ce serait aller trop loin et ne pas aller assez loin ; car enfin il y avait quelque chose avant la nébuleuse pri-