Aller au contenu

Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

afin de le tuer et de lui enlever la pierre-zéro... Il ne reviendra plus ! Je le sens !

Je fronçai les sourcils. Et, tout en pressant contre ma poitrine la pauvre Silmée, je me demandai pourquoi Rair m’avait caché la mission donnée à son petit-fils.

Mais je ne pus me livrer à mes pensées : Silmée sanglotait violemment ; j’eus besoin de toute ma force de persuasion afin de la calmer un peu.

Mais je n’ai pas écrit ces Mémoires pour raconter mes affaires de famille !...

Ayant laissé Silmée en compagnie d’une des sœurs de sa mère, je m’efforçai d’oublier tous ces drames et ne pensai plus qu’à ma tâche.

Je me rendis au camp des hommes-singes chargés de la manœuvre des obus volants.

Ils étaient réunis sur les terrasses, à l’abri des tentes que Fangar avait fait édifier. Groupés par quatre ou cinq, ils se nourrissaient dégoûtamment comme le faisaient nos ancêtres, en s’introduisant dans la bouche toutes sortes de matières : de la chair de porc passée au feu, des plantes, du lait pourri...[1]

Et ils paraissaient goûter un grand plaisir à cette ingestion. Leurs yeux brillaient. Ils broyaient les ignobles choses

  1. Tout indique que Xié désigne ainsi le fromage. (N. d. A.)