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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/125

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les plus hauts, où habitaient les serviteurs. Au passage, nous distinguâmes les paliers, les couloirs encombrés de grappes de cadavres déchiquetés. Des femmes, des enfants, des hommes à demi nus, la face tordue par la rage et l’épouvante. Je reconnus des amis, des parents... Je distinguai le crâne ouvert d’un de mes cousins... Et les radiateurs de lumière solaire, qui n’avaient pas cessé de fonctionner, éclairaient d’une lueur livide ces scènes atroces.

Nous arrivâmes enfin devant la porte de ma demeure. Elle était fermée.

Je l’ouvris. Je parcourus les chambres, les salons, comme un fou, et arrivai dans la chambre de ma fille. Elle était vide. Mais le lit défait indiquait que Silmée avait fui... avait cherché à fuir... Sans doute gisait-elle écrasée, asphyxiée, méconnaissable, sous des monceaux de malheureux morts comme elle.

Imbéciles que nous sommes ! Je refis le tour de l’appartement, une fois, deux fois, dix fois... comme un animal traqué. Je savais que l’inévitable avait passé... Je ne voulais pas le savoir.

Deux de mes officiers m’entraînèrent vers l’ascenseur. Je me débattis, mais finis par les suivre, en me souvenant de mes devoirs envers la patrie.

Nous n’étions plus qu’à quelques mètres du