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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/199

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suit sa trajectoire sans que vous puissiez rien pour la détourner ou la ralentir.

J’ai souffert toutes les douleurs, toutes les angoisses. Tout ce que l’on peut supporter sans mourir, je l’ai supporté. A présent, tout est fini. Dans quelques instants, d’Illa il ne restera rien. Rien... Ce manuscrit lui-même sera peut-être décomposé, quoique j’aie pris mes précautions pour qu’il survive.

Limm avait raison. Je suis un imbécile. Je ne suis pas satisfait encore de l’atroce injustice de mes contemporains à mon égard. Il faut encore que je me soumette au jugement de la postérité, de ceux qui trouveront ces lignes et qui, comme leurs ancêtres, comme mes contemporains, seront des hommes faibles, vains, avides, sans scrupule.

Reprenons ces Mémoires.

Après avoir assisté, impuissant, à la mort de Fangar, mon seul ami, tué par moi, tué par l’infernal Limm qui, même mort, a continué à faire du mal, je restai pendant un assez long temps immobile et, je dis le mot, n’en trouvant pas d’autre, abruti. Devenu semblable à une brute.

Je ne sais comment je me retins de m’enfoncer dans la chair les griffes de métal empoisonné avec lesquelles je venais d’assassiner Fangar. La pensée que Silmée, mon enfant, vivait encore