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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/200

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n’aurait pas été suffisante pour me retenir, mais il me sembla voir Limm ricaner. Cette pensée qu’en me tuant j’assouvissais sur moi-même la vengeance de l’espion de Rair retint mon bras. Je me calmai.

Je traînai le corps de Fangar dans la grotte. Le chef aériste était vêtu de haillons cousus à des dépouilles d’animaux. Sa seule arme, un épieu. Dans la caverne, rien d’autre que ce que j’y avais vu à travers la fente du roc.

J’enterrai le malheureux Fangar — je ne pouvais plus que cela pour lui. Et, par raison, je mangeai, je dévorai le bouillon de viande de léopard qui cuisait dans le grossier récipient de terre.

J’étais comme ivre. La mort de Fangar m’avait atterré, et la pensée que Silmée vivait m’affolait... Silmée, mon unique enfant, que je croyais ensevelie dans les ruines causées par les tarières de Nour. Comment avait-elle survécu ? Qui l’avait sauvée ?

Et, surtout, vivait-elle encore ? Car Fangar ne m’avait pas dit depuis quand il avait vu mon enfant ! Il se pouvait que depuis... Je frissonnai.

Fangar m’avait assuré que Silmée et Toupahou étaient chez Houno... chez Houno, le roi de Nour. Sans doute étaient-ils mariés... Et, très probablement, Rair devait savoir cela.