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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/80

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V

Ma faiblesse et ma désespérance m’avaient fait oublier la surhumaine habileté de Fangar. Le chef aériste connaissait l’atmosphère comme un poisson connaît l’eau. Utilisant alternativement ou simultanément la vitesse acquise qui était en nous et notre vitesse de chute, déplaçant au moment propice notre centre de gravité, il réussit ce qui, pour tout autre que lui, eût été impossible.

Il nous fit décrire plusieurs cercles concentriques d’un diamètre de plus en plus court, et parvint à prendre contact avec le sol sous un angle très réduit. Malgré cela, le choc fut encore d’une très grande violence. Les parois de la lentille de métal, déformées par la secousse, éclatèrent. Mais nous étions indemnes.

Fangar, non sans peine, se dégagea et m’aida à sortir de l’appareil. Mes membres étaient tellement ankylosés qu’il dut me soulever comme un enfant et me traîner en quelque sorte hors de l’engin.

C’était la nuit. Les étoiles scintillaient dans le ciel noir. Au loin, vers le nord, je distinguai la lueur blafarde qui enveloppait Illa d’une buée laiteuse et la silhouette, à la fois massive