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cinquante et un ans. Il était maigre et osseux, avec un visage en proue de navire muni de petits yeux ronds, noirs et perçants. De caractère taciturne, il restait muet pendant des journées entières. Ses travaux sur les satellites de Jupiter, notamment, avaient eu un énorme retentissement. On le citait comme un des premiers mathématiciens vivants.

Au cours de la longue traversée accomplie sur le Sirius, entre Bergen et la Terre de Wilkes — près de deux mois — les savants, qui se connaissaient déjà, avaient achevé de sympathiser, ou plutôt, de s’habituer l’un à l’autre. Tous deux, d’ailleurs, étaient également intéressés au succès de l’expédition qui portait leurs noms…

Et maintenant, côte à côte, ils avançaient sur la morne banquise.

Ils parlaient peu. Depuis leur départ, ils avaient eu le temps de tout se dire, leur passé, leurs projets, leurs ambitions, leurs déceptions. Et aucun incident n’était survenu.

On était à la fin de septembre — au printemps antarctique. Pendant quelques heures, chaque jour, un pâle soleil apparaissait.

Olaf Densmold notait quelques observations astronomiques sans grand intérêt, puis l’on repartait. Marches, campement, repas, repos, la vie était toujours la même.