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Page:Moselli - Le Messager de la planète, 1924.djvu/5

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Kobyak était aussi taciturne que Densmold ; s’il parlait, c’était à ses chiens, pour les encourager ou les menacer. Le claquement de la lanière de son fouet constituait, d’ailleurs, son principal discours…

Le traîneau avait déjà laissé derrière lui la région atteinte par les précédents explorateurs.

Il avançait maintenant dans l’inconnu. Un inconnu aussi monotone que morne. Aucune plante. Pas d’arbres. Rien. La glace. Par endroits, c’était une plaine unie ; plus loin, des blocs gigantesques, aux formes tourmentées, extraordinaires : des cubes parfaits, de véritables vagues figées, des dunes, des pyramides, et le tout coupé de précipices, de failles aux cassures nettes, comme taillées par une machine. Certains de ces précipices étaient larges de plusieurs mètres : il fallait les contourner. Leur profondeur variait de dix à cent mètres, et plus. Il en montait parfois de sourds gargouillements, décelant le travail de la fonte des eaux. Ailleurs, la glace cédait sous le poids des explorateurs, qui devaient apporter toute leur attention à bien suivre les traces du traîneau. Car l’instinct des chiens ne les trompait pas.

… Ce jour-là, il y avait déjà quatre heures qu’ils avançaient et l’étape apparaissait comme devant être satisfaisante, peu fatigante. Le calme