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Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/88

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le gouverneur, ancien sujet des rois d’Ajuthia, s’était revêtu lui-même de la royauté et avait montré des dispositions hostiles contre le nouveau roi de Siam, qu’il traitait d’usurpateur. Après quelques rencontres assez vives, le gouverneur de Ligor se réfugia chez le chef de Patawi, autre ville de la presqu’île malaise ; cependant il fut livré aux affidés de Phaya-Tak, qui, dans l’intervalle, était entré à Ligor et y avait saisi toute la famille du gouverneur et tous ses trésors. Parmi les membres de cette famille quasi-royale se trouvait la fille du gouverneur rebelle, personne d’une grande beauté, à laquelle le roi de Siam daigna donner une place dans son harem ; grâce à son intervention, son père et tous les membres de sa famille eurent la vie sauve, et même plus tard (en 1776) le gouverneur de Ligor fut réintégré dans la vice-royauté de cette contrée gouvernée jusqu’aujourd’hui par ses descendants. »

Tels sont les traits rapides du travail historique écrit, il y a peu d’années, par le premier roi de Siam. Complétons ce récit d’après d’autres données. Le terme du règne de Phaya-Tak ne fut nullement heureux. Tombé, dans les dernières années de sa vie, dans une noire mélancolie, il devint cruel et perdit sa popularité. Un de ses généraux, Chakri, qui commandait dans le Cambodge, se prévalut de ces circonstances pour ourdir contre lui un complot ; il surprit le roi à Bangkok, le mit aux fers et peu après à mort (1782). Alors Chakri lui-même prit le sceptre ; toutefois il mourut peu de temps après et eut pour successeur son fils, sous lequel les anciennes querelles avec les Birmans se ravivèrent, surtout à pro-