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Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/89

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pos de quelques districts du nord, aux frontières indécises. Deux fois le roi de Siam sortit vainqueur de ces luttes ; lorsque les Birmans revinrent à la charge pour la troisième fois, le roi perdit la partie occidentale du pays, qui depuis relève de la Birmanie. Le roi mourut en 1811 ; son fils et successeur, craignant ou feignant de craindre de nouveaux complots, fit décapiter cent dix-sept nobles siamois, parmi lesquels il y avait plusieurs généraux qui avaient vaillamment combattu à côté de son père contre les Birmans ; un de ses cousins, très-aimé du peuple, tomba également victime de ces supplices multiples qui aliénèrent au prince l’affection de ses sujets. Sous d’autres rapports, son règne portait cependant le cachet d’une certaine habileté. Il avait repoussé avec succès les attaques incessantes des Birmans et réprimé plusieurs révoltes. Il emmena tous les prisonniers de guerre captifs à Bangkok, leur donna des terres à cultiver, et contribua ainsi d’une manière efficace à la prospérité de sa résidence. Il sut maîtriser aussi l’humeur inquiète des Malais.

C’est sous son règne que parut à Bangkok la mission anglaise dirigée par sir John Crawfurd, diplomate aussi estimable que savant distingué. Quand ce souverain mourut, en 1824, son fils Chào-Fa-Mongkut n’avait guère que vingt ans ; en sa qualité de fils ainé de la reine, le trône lui appartenait ; mais un de ses frères, fils d’une concubine et plus âgé que lui, s’empara du pouvoir en disant au prince : « Tu es encore trop jeune, laisse-moi régner quelques années, et, plus tard, je te remettrai