Aller au contenu

Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui… oui… cela se comprend. Tout le monde ne peut pas être apôtre ou prophète ! Le bois, nécessaire à la construction des croix, deviendrait trop cher ! Néanmoins vous désirez m’aider à faire rentrer tout dans l’ordre, n’est-ce pas ? Vous voulez faire votre devoir, n’est-ce pas ?

— Certes, surtout à vos côtés. Mais le commun des martyrs ne juge pas ces faits-là aussi sévèrement que vous. Ne risque-t-on pas d’avoir l’air de vouloir combattre des moulins à vent !

— Non. Ceux qui cultivent l’injustice, parce que c’est leur gagne pain, ceux-là seulement soutiennent que ce qu’ils font n’est pas injuste, pour se donner la joie de nous traiter, vous et moi, comme deux Don Quichotte ; mais leurs moulins à vent n’en marchent pas moins, pour cela. Seulement, mon cher Dipanon, laissez moi vous dire que vous n’aviez pas besoin de m’attendre pour faire votre devoir. Monsieur Sloterin était un homme capable et honnête : il savait ce qui se passait, il le désapprouvait et il s’y opposait… tenez ! regardez ceci !

Havelaar prit dans un carton, deux feuilles de papier, surchargées d’écriture, et les mettant sous les yeux de Dipanon, il lui demanda :

— Qui a écrit cela ?

— Monsieur Sloterin.

— Oui. Eh bien ! ce sont des brouillons de notes, contenant deux ou trois sujets dont il voulait entretenir le préfet. Tenez… là, je lis… regardez vous-même :

1°. De la culture du riz.
2°. Des habitations des chefs du village.
3°. Du recouvrement de l’impôt foncier, etc.

Après cela, viennent deux énormes points d’excla-